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Les Idées Éparpillées

1 mai 2017

13 Reasons Why - GROS SPOILERS

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Je n'ai pas juste regardé 13 reasons why. Je l'ai binge-watchée. Deux fois en fait, parce que je l'ai aussi regardée avec ma mère et mon frère. Quand j'ai commencé, quelques articles florissaient déjà ci et là sur les réseaux sociaux. Je ne les ai pas ouverts pour ne pas être spoilée, mais en gros, je comprenais que certains présentaient cette série comme une sonnette d'alarme très pertinente sur le harcèlement, et d'autres comme une glorification du suicide.  Ça m'intriguait alors j'ai lancé le streaming. 

C’est vrai qu’au départ, on est un peu plongés dans cet univers de lycée américain typiquement cliché, avec ses footballeurs populaires, ses pom-pom girls athlétiques, et l’anti-héros qui se retrouve personnage principal. Mais pour une fois, je trouve que ces stéréotypes sont pointés du doigt pour une raison bien particulière. Ils montrent comment la notion de popularité peut vite devenir, surtout dans une structure scolaire, une espèce d’immunité, de halo divin entourant des personnages qui, pour beaucoup d’entre eux dans cette série, sont loin d’être des figures exemplaires. Après les agressions de Jessica et de Hannah, Bryce continue à être acclamé de toutes parts par le reste du lycée, y compris par ceux qui savent ou qui se doutent des atrocités qu’il a perpétrées. Son statut au sein des autres élèves lui fournit une espèce de passe-partout.

En ce qui concerne la « glorification du suicide » dont la série est accusée, je ne suis pas d’accord : à aucun moment cet acte n’est glorifié. En revanche, il est REPRÉSENTÉ. Et je pense que cette représentation est primordiale, car elle permet justement d’en parler. Car malheureusement, le suicide est une réalité. Il est important de le dépeindre comme il est: un geste irréversible, un geste bel et bien réel.

Il est d’autant plus intéressant de l’exploiter dans ce contexte : le harcèlement scolaire.  

Sur 13 épisodes, on assiste à un enchaînement d'actes plus ou moins graves, commis par des individus tantôt vicieux, tantôt inconscients des conséquences.

Ces actes montrent comment les mots, les gestes au quotidien, en particulier dans un contexte scolaire où on baigne dans une foule d'individus tous différents les uns des autres (et jeunes de surcroit), ou l'appréciation et l'acceptation sont presque une obligation pour bien y vivre, peuvent s'accumuler entre eux et créer une masse d'anxiété invivable pour l'individu victime de harcèlement, et ce même si l'intention n'était pas mauvaise à la base.

On rejoint l'idée que cette excuse de l'humour à tout prix peut s'avérer néfaste, voire dangereuse, en particulier lorsque ces "blagues" sont dirigées contre ce qui touche à l'identité profonde de la personne prise en bouc émissaire. Pour le cas d'Hannah, le comportement des personnages masculins autour d'elle engendre des conséquences catastrophiques. Avec Justin qui diffuse une photo compromettante d'elle, ou encore Marcus ou Bryce qui se permettent de la toucher sans son consentement (et même bien pire ensuite pour le cas de Bryce), elle est peu à peu dépossédée de son propre corps, que les autres prennent pour un terrain de jeux. Vouloir rire de tout à tout prix, c'est parfois risquer de vouloir fermer les yeux sur le pire. 

Penchons-nous ensuite un peu plus sur le personnage de Bryce, car celui-ci sort de la dimension du simple harcèlement scolaire pour toucher à une autre : en effet, il est un parfait produit de la culture du viol. Ce personnage agresse sexuellement deux personnes dans la série. Ce ne sont pas des actes prévus. Il en parle ensuite avec un détachement effroyable. Il ne considère d'ailleurs même pas ses actes comme répréhensibles. Car Bryce prend le corps de ces deux jeunes femmes comme un acquis, une propriété qui lui revient de droit. Pire, il est intimement persuadé du consentement d'Hannah. Car pour lui, une fille qui se détend dans un jacuzzi, c'est déjà un oui pour aller plus loin. Ce raisonnement, il ne sort pas de nulle part. Notre société binaire nous pousse, encore en 2017, à éduquer les filles et les garçons de manière différente. On nous martèle de mots pour bien différencier les deux sexes, les mettre dans des cases desquelles il ne faut pas sortir sous peine d'être catalogué comme anormal. En apprenant aux filles à ne pas rentrer tard la nuit plutôt qu'aux garçons à respecter l'appropriation de l'espace public par le genre féminin, il peut arriver que le comportement, ici fictif, du personnage de Bryce, devienne réalité, et ce bien plus souvent qu’on ne le croie. Le corps des femmes devient propriété des hommes.

Le personnage Mr Porter est lui aussi un cas qui me questionne : les adultes qui composent une structure scolaire sont-ils compétents, préparés pour ce genre de problème, sont-ils vraiment une aide ? Le conseiller minimise beaucoup les sentiments, le désespoir de Hannah pendant ses confessions, bien qu'elle lui mentionne somme toute assez clairement l'agression sexuelle qu'elle a subie il y a peu. Il n'a pas agi. Les autres personnes des cassettes étaient d'autres camarades. Ici, on se pose la question de la dimension d'écoute pédagogique: les personnes là pour écouter les adolescents agissent-elles toujours en conséquence ? Face à la détresse de Hannah, Mr Porter reste dans une passivité mollasse. Même face à une figure adulte scolaire, elle se retrouve face à un mur, et ne peut se sentir ni écoutée ni protégée, en particulier quand celui-ci lui rétorque qu'il faut juste qu'elle avance, car, si la personne responsable de son viol est un senior, il sera parti dans quelques mois. Hannah ne se renferme pas sur elle-même d’un seul coup. Elle cherche de l’aide, elle cherche une main tendue. Mais elle n’arrive pas.

Si vous voulez un peu plus loin, je vous laisse quelques liens en bas : des définitions, ou encore un article qui en dit un peu plus sur le pourquoi de cette série. N’hésitez pas à me donner votre avis !

 

Le tatouage de Selena Gomez (productrice de la série) : http://www.madmoizelle.com/13-reasons-why-tatouage-selena-gomez-755821 

Le projet Semicolon (expliqué un peu plus dans le lien au-dessus) : https://projectsemicolon.com/

Définition de la culture du viol : http://www.cultureduviol.fr/culture-du-viol-definition/

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20 janvier 2017

Childendity

childless

10 novembre 2016

Crier sa minute de silence.

« Allez, arrête. »

Ça a été ça, ma première réaction hier matin. Pas le choc, pas la peur. J’ai rigolé.

Parce qu’en me levant, j’avais juste une petite boule au ventre, celle qu’on a avant un examen important, mais qu’on sait qu’on va réussir haut-la-main. Parce qu’il pouvait pas avoir gagné, c’était impossible.

Puis j’ai vérifié quand même, pour être sûre.

Je suis pas une experte en politique, je pourrais pas vous faire un récap’ avec des chiffres, des diagrammes, des tableaux et des expressions logico-glaciales. Je sais juste que, depuis que j’ai vérifié, y’a quelque chose qui a changé dans mon atmosphère.

La médiocratie, on y est toujours un peu habitués : elle règne souvent sur plusieurs pans de notre vie, sans qu’on le veuille.

Mais là… C’est quoi le mot ?

Je ne sais pas.

Je sais juste que, depuis hier matin, dans mon atmosphère, y’a comme un relent de déception. De peur.

J’ose même pas imaginer ce que ça doit être pour les gens là-bas.

Parce que les plus concernés, ceux qui risquent de subir le plus violemment la vague de ce tsunami de haine, ils pourront pas juste prendre un billet d’avion et fuir. Les plus touchés, ils auront pas cette alternative.

Et ceux qui vont avoir les répercussions du séisme socialo-politique dans les autres pays, ce sera les mêmes. Encore.

Non, je pourrais pas vous faire un résumé à afficher à la une du Monde.

Je peux juste vous dire que, ce matin, j’ai encore un peu la nausée.

2 novembre 2016

Inktober en vrac

Ma maman

Petite soeur

Jen'

Annastasia/Elena/Yohan

Pierre

Personnages random

Personnages: the queer club

Ade'J'actualise un peu avec le reste de mes dessins du Inktober que je n'avais pas publiés, parce que YOLO.

18 octobre 2016

Inktober 18: mon petit frère.

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18 octobre 2016

Inktober 17: ma bonne amie.

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16 octobre 2016

Inktober 16

IMG_1830Mon avatar un peu plus actualisé !

15 octobre 2016

Catherine (Inktober 15)

IMG_1798Je commence le inktober un peu tard, du coup c'est plus un minktober pour ma part.

Un dessin de ma copine, inspiré d'une photo qu'elle m'a envoyée il y a peu. C'est elle qui m'a encouragée à ouvrir ce blog, et qui m'encourage à avoir plus confiace en moi.

6 août 2016

LA BOUFFE.

DESSIN 2

DESSIN 3

TEXTE 1

2 août 2016

Penser pour ne rien dire

Une des premières choses que nous apprenons est la parole. Déjà tout petit, les adultes lambda les plus proches de nous s’affairent à transformer nos gazouillis en mots, puis en phrases, psycho-tangibles, compréhensibles, d’abord pour eux, puis pour le reste des personnes qui partagent la langue que nous apprenons. Parfois même avant qu’elles soient totalement comprises de nous-mêmes.

Aujourd’hui, on nous apprend beaucoup à penser. Quand on a intégré la parole comme étant moyen d’expression, la famille d’abord, l’école ensuite, nous inculquent des méthodes diverses pour apprendre, réfléchir. Des formules à appliquer, des questions soulevées… Tout un arsenal de dispositifs pour faire travailler nos méninges. En fait, ce n’est pas propre à aujourd’hui; ça fait longtemps que ça marche comme ça.

La différence c’est qu’à notre époque (je parle ici des individus, et à plus grande échelle des sociétés ayant couramment accès à la télévision, à Internet…), nous sommes encerclés par l’Information. À toute heure du jour ou de la nuit, et même quand nous ne la cherchons pas, l’Information vient à nous. Et dans ces mêmes sociétés, il est inconcevable de ne pas penser. De la collision de ces deux éléments (l’omniprésence de l’Information et l’apprentissage de la réflexion) résulte bien souvent des conséquences dont nous ne mesurons pas forcément l’ampleur.

Parce qu’il est inconcevable de ne pas avoir d’opinion, tout le monde se rue sur le dernier article social, politique, pour y aller de son commentaire. Seulement, en plus d’être omniprésente, l’Information est également de plus en plus rapide. Alors bien entendu, il faut qu’on pense à son rythme, pour pouvoir s’exprimer partout, tout le temps, avant les autres, être le premier à l’ouvrir à tout prix. Cela crée des phénomènes de micro-luttes stériles, où le diviser pour mieux régner pullule désormais sous chaque publication Facebook de n’importe quel média. Les commentaires s’accumulent, personne ne lâche son morceau, les inepties s’enchaînent, la fierté de coq s’en mêle. Au final, le noyau même du sujet de base se retrouve noyé dans une guerre d’égos.

On tape du poing sur la table, du doigt sur le clavier. Parce qu’on a pas le droit de ne pas penser. L’opinion n’est plus une liberté mais un devoir. On se doit de faire bouillir notre matière grise pour mieux savoir mieux que tout le monde.

Cette année pendant mes cours, j’ai souvent entendu la phrase suivante : « Écrire c’est réécrire. »  Et si, penser, penser pour de vrai… C’était repenser ?

Car à vouloir aller trop vite, on oublie plusieurs étapes : essayer de dégager sa réflexion de l’impact émotionnel, essayer de la globaliser, de l’appliquer à une échelle autre que notre quotidien, notre quotidien à nous, plus en tant que société, mais en tant qu’individu. Le travail de la pensée, on nous le prémâche, on nous le vomit. On pense avec nos œillères perceptives. Du coup, avec la fast-thought, on prend pas le temps de changer notre pied d’appui. Et avec ça, on parle aussi pour les autres, ceux qui n’ont pas la parole. On perpétue, volontairement ou non, un système de pensée dominante. On ne prend pas le temps de repenser notre position, notre point de vue, nos privilèges. On ne prend pas le temps de se dire « Tiens, qu’en est-il pour tel individu, ou telle société, qui n’a pas les mêmes conditions de vie, pas le même mode de vie ? ». On tolère au lieu d’intégrer. Parce qu’on accepte l’autre… Mais pas trop près de nous quand même. Parce qu’il faut conserver la hiérarchie sociale, la norme, et surtout pas se dire que peut-être, des normes, il pourrait il y en avoir plusieurs. Et non vous en faites pas, on veut pas vous retirer vos petites pantoufles; juste en donner aussi à d’autres.

Moi aussi je le fais. Par réflexe cognitif, souvent, je me lance à cerveau perdu dans cette course à l’opinion. Ce que j’écris là après tout, c’est une opinion. Puis même en essayant de repenser, je ne pourrais pas dire que je comprends ce que je n’ai pas vécu (parce que ça aussi c’est une manière de retirer la parole).

Mais j’essaye de me dire que penser trop vite, parler trop fort, c’est aussi prendre le risque d’encenser ce qui devrait être tu. Car à force d’élever la voix pour des choses futiles, pour des personnalités consternantes, on oublie que c’est la puissante union de nos gorges déployées qui portent ces choses au sommet.

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